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ANNUAL SURVEY PAPER

"Le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ?"
Edward LORENZ (météorologue), 1972
2023

Planétarisation : la crise mondiale de l’eau, l’artificialisation des littoraux, la métropolisation… plaident en faveur de la promotion de l’économie circulaire et du développement de nouveaux modèles économiques respectueux de l’environnement.

Table des matières

ARTIFICIALISATION DES LITTORAUX

L’artificialisation des littoraux*DéfinitionProcessus de transformation des zones côtières naturelles en espaces artificiels (bâtiments, infrastructures, zones industrielles, …), souvent dans le cadre du développement urbain, industriel, commercial ou touristique, entraînant la dégradation des ressources naturelles. résulte de la transformation des zones côtières naturelles en espaces aménagés pour l’habitation, le commerce, le tourisme ou d’autres activités humaines (construction de bâtiments, routes, ports, digues ; modification des plages, dunes et zones humides).

Tendance mondiale en hausse, elle est particulièrement notable dans les zones touristiques, les villes côtières et les zones industrielles, provoquant la perte de biodiversité, l’érosion des plages et une vulnérabilité accrue des communautés côtières aux changements climatiques.

Du fait de ces conséquences environnementales et humaines majeures, il devient crucial de trouver un équilibre entre le développement économique et la préservation des littoraux. Cela nécessite des politiques de gestion côtière efficaces, une planification soigneuse et une prise de conscience publique.

Disposant d’une côte atlantique et méditerranéenne de 3.500 kilomètres, le Maroc est directement concerné par cette situation qui a déjà transformé de nombreuses parties de son littoral. Le pays a pris des mesures pour gérer ses zones côtières, par exemple en créant des aires protégées et en promouvant le tourisme durable, mais la perte d’habitats naturels et l’érosion côtière perdurent.

CRISE MONDIALE DE L'EAU DOUCE

La crise mondiale de l’eau douce fait référence à la pénurie croissante d’eau potable sûre et accessible à l’échelle mondiale.

Cette crise est alimentée par une combinaison de facteurs, notamment, la croissance démographique, l’urbanisation, l’agriculture intensive, l’industrialisation, la pollution de l’eau, le gaspillage et le changement climatique : l’utilisation des ressources en eau douce a augmenté de près de 1% par an au cours des 40 dernières années1. En 2020, 26% de la population mondiale (2 milliards de personnes) n’avaient pas accès à des services d’eau potable gérés de manière sûre et 46% (3,6 milliards) n’avaient pas accès à des services d’assainissement adéquats2.

Selon l’édition 2023 du rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, entre 2 et 3 milliards de personnes font face à des pénuries d’eau, pendant au moins un mois par an. Les régions les plus touchées sont l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud et certaines parties de l’Amérique latine.

Cette situation devrait s’aggraver à l’avenir, en particulier dans les villes : le nombre de personnes en zones urbaines menacées par les pénuries d’eau dans le monde serait compris entre 1,7 et 2,4 milliards de personnes en 20503 contre 933 millions en 2020, la demande d’eau continuant de croître face à une diminution de l’offre hydrique.

Le Maroc, situé dans une région semi-aride, est gravement touché par la crise de l’eau douce, du fait de la sécheresse croissante, de la surexploitation des eaux souterraines et d’une gestion de l’eau qui tarde à être orientée vers la demande. Malgré des mesures prises pour mieux gérer ses ressources en eau (Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation4), la crise de l’eau reste une préoccupation majeure pour le pays.

ECONOMIE CIRCULAIRE

Ce modèle économique vise à minimiser les déchets et à maximiser la réutilisation et le recyclage des ressources.

L’économie circulaire*DéfinitionL’économie circulaire vise à assurer une production durable en réduisant la consommation de ressources, le gaspillage et la génération de déchets. Elle repose sur la création de cycles vertueux de réutilisation et de revalorisation, favorisant ainsi un usage optimal des ressources. apparaît désormais, à travers le monde, comme une solution potentielle aux défis environnementaux tels que la surconsommation de ressources, la pollution et le changement climatique. De nombreuses entreprises, villes et pays (Pays-Bas, France, Chine, Finlande) adoptent des principes d’économie circulaire, avec des initiatives allant du recyclage et de la réutilisation à l’éco-conception et à l’économie de partage.

Cependant, la transition vers une économie circulaire est encore à ses débuts et fait face à de nombreux obstacles dont il convient d’y faire face, par le biais d’un changement profond dans la production et la consommation, d’un investissement important dans les nouvelles technologies et les infrastructures ainsi que de l’instauration de réglementations et d’incitations appropriées.

Certains défis environnementaux du Maroc, tels que la gestion des déchets, la consommation d’énergie et la pénurie d’eau, pourraient être atténués par une économie circulaire. En outre, celle-ci offre de nouvelles opportunités économiques, comme le recyclage, l’énergie renouvelable et l’agriculture durable. Le Royaume, qui a pris des mesures dans cette direction, notamment, en mettant en place un programme national de valorisation des déchets, devrait s’engager résolument dans une politique globale d’économie circulaire.

METROPOLISATION

La métropolisation*DéfinitionProcessus de concentration croissante des populations, des activités économiques et des fonctions stratégiques dans les grandes agglomérations urbaines, motivé par différents facteurs : économies d’échelle et d’agglomération, avantages comparatifs, besoins d’accessibilité aux réseaux, … est un processus par lequel les villes, en particulier les grandes métropoles, deviennent des centres majeurs de population, d’activité économique et de pouvoir. Cela implique une concentration croissante des ressources, des infrastructures, des innovations et des opportunités dans ces zones urbaines, mais aussi des problématiques d’approvisionnement et de gestions des déchets et des flux.

La seconde vague de métropolisation en cours (après celle de l’Occident) concerne les pays en développement, sous la poussée d’une urbanisation rapide, comme Lagos, Mumbai, Sao Paulo, Jakarta…. Le nombre de métropoles mondiales passerait ainsi de 33 en 2023 à 47 en 2050, dont 4 de plus en Afrique et 7 en Asie5.

Source d’inégalités socio-économiques, à la fois entre les villes et les régions rurales et à l’intérieur des villes elles-mêmes (bidonvilles), la métropolisation crée aussi une pression sur les infrastructures urbaines et l’environnement, comme le logement, les transports, la pollution et la gestion des déchets. D’où l’urgence de gérer la croissance de ces métropoles de manière durable et inclusive.

Au Maroc, Casablanca est devenue une métropole majeure, attirant non seulement une grande partie de la population, des investissements et des activités économiques du pays, mais aussi des acteurs économiques étrangers. Cela génère des enjeux en termes de congestion, de logements, de services publics et de qualité de vie. D’autres villes sont également touchées par la métropolisation, à l’instar de Marrakech. Le Royaume est à la recherche donc de solutions adaptées, permettant une gestion appropriée de la croissance de ses métropoles tout en garantissant l’équité et la durabilité.

REFUGIES CLIMATIQUES

Les migrants environnementaux ou déplacés climatiques sont des personnes forcées de quitter leur domicile en raison de changements environnementaux soudains ou progressifs (montée du niveau de la mer, sécheresses, inondations, ouragans) qui nuisent à leur vie ou à leur subsistance.

Entre 2009 et 2018, environ une personne dans le monde a été déplacée chaque seconde en raison d’événements liés au climat ou aux conditions météorologiques, soit plus de 22,5 millions de personnes par an6. En 2022, les ouragans, les inondations et la sécheresse ont forcé 7,4 millions d’Africains à quitter leur foyer7.

La situation des réfugiés climatiques*DéfinitionPersonnes contraintes de quitter leurs habitations traditionnelles de manière temporaire ou permanente en raison d’une dégradation nette de leur environnement, due au changement climatique, bouleversant gravement leur cadre de vie ou déséquilibrant leur qualité de vie. est de plus en plus préoccupante à l’échelle mondiale. Selon la Banque mondiale8, plus de 216 millions de personnes dans le monde en développement pourraient être déplacées à l’intérieur de leur propre pays en 2050 à cause du changement climatique (surtout en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et en Amérique latine). De tels foyers de migration climatique interne pourraient apparaître dès 2030.

Cette augmentation du nombre de réfugiés climatiques pourrait conduire à des crises humanitaires (d’autant qu’en l’absence d’une définition juridique internationale des réfugiés climatiques, ceux-ci ne bénéficient pas de la même protection que les autres réfugiés), à des conflits sur les ressources et à des tensions géopolitiques.

Le Maroc est doublement concerné, à la fois aujourd’hui comme pays de transit pour les migrants, y compris les réfugiés climatiques en provenance d’Afrique subsaharienne et à destination de l’Europe et demain comme pays de déplacements internes résultant des effets climatiques (désertification, sécheresse, montée du niveau de la mer). Il a donc un rôle important à jouer dans la gestion de cette émergence et dans la recherche de solutions durables.

SEUIL CRITIQUE DE LA POLLUTION PLASTIQUE

L’accumulation de produits en plastique dans l’environnement affecte négativement la faune, la flore sauvage et les humains. Les plastiques qui causent cette pollution sont principalement des déchets de consommation, tels que les bouteilles d’eau, les sacs en plastique, les emballages alimentaires, les filets de pêche, …. Se dégradant très lentement, le plastique persiste dans l’environnement pendant des siècles et ses microparticules sont détectées aujourd’hui jusque dans les endroits les plus reculés de la planète et dans des placentas humains9.

La pollution plastique s’aggrave. Jusqu’en 2016, près de 8 millions de tonnes de plastique finissaient dans les océans chaque année avec des conséquences dévastatrices pour la vie marine : si les tendances actuelles se poursuivent, le poids du plastique dans les océans en 2050 dépassera celui des poissons10. En 2021, entre 9 et 12 millions de tonnes par an étaient déversées. Cette quantité pourrait atteindre jusqu’à 29 millions de tonnes en 204011. En outre, la production plastique contribue au changement climatique, à travers l’émission de gaz à effet de serre.

En 2016, le Maroc a pris une mesure audacieuse en interdisant les sacs en plastique à usage unique. Cependant, le problème persiste avec d’autres formes de déchets plastiques et avec la pollution plastique marine. Les efforts pour gérer et réduire la pollution plastique s’imposent d’autant plus que les importations de plastiques et de polymères pourraient doubler d’ici 203012 car le secteur de la plasturgie est désormais le deuxième secteur le plus important dans la transformation des industries chimiques au Maroc13.

SEUIL CRITIQUE DE LA POLLUTION PLASTIQUE

Références

  1. UNESCO World Water Assessment Programme. "Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2023 : partenariats et coopération pour l’eau ; résumé". Italie. 2023.
  2. Idem.
  3. Ibid.
  4. Ministère de l’Equipement et de l’Eau - Direction générale de l’Hydraulique "Programme d’Approvisionnement en eau potable et l’irrigation (2020-2027)". Dernière consultation : le 24-07-2023.
  5. Gaudiaut Tristan. "Démographie : quelles seront les prochaines mégapoles ?". Statista. Janvier 2023.
  6. Internal Displacement Monitoring Center (IDMC). "2018 Global Report on Internal Displacement". Mai 2018.
  7. Internal Displacement Monitoring Center (IDMC). “2023 Global Report on Internal Displacement”. 2023.
  8. Clement, Viviane; Rigaud, Kanta Kumari; de Sherbinin, Alex; Jones, Bryan; Adamo, Susana; Schewe, Jacob; Sadiq, Nian; Shabahat, Elham. “Groundswell Part 2: Acting on Internal Climate Migration”. World Bank, Washington, D.C.: 2021.
  9. Antonio Ragusa, et alii. "Plasticenta: First evidence of microplastics in human placenta", in Environment International, Volume 146, 2021.
  10. World Economic Forum, Ellen MacArthur Foundation and McKinsey & Company. “The New Plastics Economy: Rethinking the future of plastics”. 2016.
  11. The Pew Charitable Trusts and SYSTEMIQ. “Breaking the Plastic Wave: A Comprehensive Assessment of Pathways Towards Stopping Ocean Plastic Pollution”, 2020
  12. Babayemi, J.O., Nnorom, I.C., Osibanjo, O. et al. 2019. “Ensuring sustainability in plastics use in Africa : consumption, waste generation, and projections”. Environ Sci Eur 31, 60 -201
  13. Fédération Marocaine de la Plasturgie. “Le marché de la plasturgie au Maroc, un secteur en fort développement”. Site web de la fédération. Dernière consultation : le 31-07-2023.