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Cryptomonnaie

1. Définition

Les cryptomonnaies, ou monnaies numériques, sont des monnaies purement virtuelles sans support physique. Elles utilisent la cryptographie pour sécuriser les transactions, contrôler la création d’unités supplémentaires et vérifier le transfert d’actifs, ce qui rend toute falsification quasiment impossible. Leur fonctionnement repose sur la blockchain[i], une technologie décentralisée qui enregistre toutes les transactions effectuées de manière transparente et sécurisée. Cette décentralisation permet aux cryptomonnaies d’être en libre circulation, sans contrôle d’une autorité centrale, comme une banque, une union monétaire ou un Etat[ii].

2. Origine du concept

L’idée de créer une monnaie électronique ou virtuelle prend ses racines au début des années 1990, au sein de la communauté “Cypherpunk[iii] qui prônait une totale autonomie individuelle et la protection de la vie privée dans le cyberespace. L’objectif d’une telle monnaie était d’être envoyée de manière sure et intraçable, hors des entités centralisées (banques).

Mais pour parvenir à cela, il aura fallu des travaux de recherche qui remontent à 1981, notamment, ceux de :

  • David CHAUME, cryptographe américain, qui pose les fondations des communications anonymes en 1981[iv], invente le concept de monnaie électronique/numérique (légalement : une monnaie stockée sur des mémoires électroniques de façon indépendante d’un compte bancaire) en 1982, fonde l’International Association for Cryptologic Research (IACR) pour développer la recherche en cryptographie, inspire le mouvement cypherpunk à la fin des années 80, et crée la monnaie électronique “e-Cash” en 1995[v].
  • Nick SZABO, informaticien et cryptographe américain, qui invente en 1993 la notion de “contrats intelligents” (smart contracts) – des protocoles informatiques qui facilitent, vérifient et exécutent la négociation ou l’exécution d’un contrat – et conçoit en 1998 un mécanisme de monnaie numérique décentralisée, “Bit Gold”, considéré comme précurseur de l’architecture Bitcoin.
  • Wei DAI, informaticien chinois et cypherpunk, qui publie en 1998 un essai introduisant le concept de b-money : “un système permettant à un groupe de pseudonymes numériques intraçables de se payer les uns les autres et d’exécuter des contrats entre eux sans aide extérieure”[vi]. Il pose ainsi les bases théoriques de fonctionnement des cryptomonnaies actuelles.
  • Satoshi NAKAMOTO (pseudonyme d’un individu ou un groupe anonyme, supposé être Nick SZABO), qui en 2008 rédige et publie un livre blanc[vii], décrivant le fonctionnement du bitcoin un système de monnaie numérique décentralisé et publie, en 2009, le premier logiciel bitcoin qui a lancé le réseau pair-à-pair et les premières unités de la cryptomonnaie bitcoin.

Ainsi est née une révolution financière : la possibilité d’échanger des valeurs sans l’intermédiaire d’une autorité centrale. Aujourd’hui, avec plus de 6000 monnaies numériques disponibles, les cryptomonnaies attirent de plus en plus d’usagers. En effet, en 2023, il existait 300 millions de détenteurs de cryptomonnaie et un milliard de personnes qui ont échangé des cryptomonnaies à un moment ou à un autre[viii]. Enfin, près de 18 000 entreprises dans le monde acceptent les cryptomonnaies comme moyen de paiement pour leurs produits ou services.[xi]

3. Intérêt et principaux champs d'application

Les cryptomonnaies en tant qu’alternatives aux monnaies classiques, offrent des avantages multiples :

  • L’absence d’intermédiaire : les acteurs financiers habituels, tels que les Etats, les banques ou tout autre intermédiaire financier n’ont aucun moyen d’influencer une transaction.
  • L’absence de frais : les frais d’une transaction réalisée en cryptomonnaie sont peu élevés et transparents.
  • L’absence de contrôle : les transactions s’opèrent en toute confidentialité. Par exemple, le Venezuela a lancé en 2017 “Pétro”, une cryptomonnaie dont la valeur est indexée sur le prix du pétrole[x]. Elle a permis au pays de combler son déficit en contournant les restrictions de financement imposées par les Etats-Unis, grâce à la confidentialité de la cryptomonnaie qui a convaincu un panel plus large d’investisseurs.

Ce qui distingue plus particulièrement les cryptomonnaies des monnaies classiques est leur nature décentralisée. Contrairement aux monnaies traditionnelles qui dépendent d’institutions financières centralisées, les cryptomonnaies opèrent sur une infrastructure distribuée (et sécurisée), éliminant ainsi le besoin d’une tierce partie de confiance. La blockchain garantit la transparence et la sécurité, éliminant les risques de falsification ou de manipulation.

4. Intérêt du concept pour le Maroc

Les cryptomonnaies offrent une inclusion financière à des millions de personnes dans le monde, en particulier dans des régions où l’accès aux services bancaires traditionnels est limité. De plus, les transactions sont généralement plus rapides et moins coûteuses que les systèmes financiers traditionnels.

Ces nouvelles monnaies numériques ouvrent, également, de nouvelles opportunités d’investissement avec des rendements parfois très attractifs, bien que cela s’accompagne de risques tout aussi élevés compte-tenu de la très grande volatilité de ces monnaies.

Au Maroc, il n’existe pas encore de cadre légal autorisant l’utilisation et les échanges des cryptomonnaies. Ce vide juridique n’empêche pas le Royaume de se classer 20ème sur 155 pays à travers le monde en matière d’adoption des cryptomonnaies[xi] et de compter de très nombreux détenteurs d’une cryptomonnaie.

La banque centrale marocaine, Bank Al Maghrib[xii], considère l’usage des cryptomonnaies comme une activité non régulée qui comporte de multiples risques, dont, notamment, les suivants :

  • La faible protection des consommateurs : il n’existe pas de protection réglementaire ni de cadre juridique pour couvrir les pertes des usagers en cas de défaillance des plateformes d’échange, en cas de vol ou de détournement.
  • La volatilité du cours des cryptomonnaies par rapport aux devises légales : les cours peuvent varier de manière significative, à la hausse comme à la baisse, instantanément et de manière imprévisible.
  • L’utilisation potentielle de ces nouvelles monnaies dans des activités illicites ou criminelles, principalement le blanchiment de capitaux et le financement d’activités terroristes.
  • Le non-respect des réglementations en vigueur, en rapport avec les marchés des capitaux et la législation de change.

Malgré ces risques, les jeunes cryptomonnaies présentent un potentiel d’innovation et d’inclusion, qui les positionne au cœur des discussions sur le futur des services financiers mondiaux.

[i]BERBAIN, Côme. “La blockchain : concept, technologies, acteurs et usages”, Annales des Mines – Réalités industrielles, 2017/3 (Août 2017), p. 6-9 : https://www.cairn.info/revue-realites-industrielles-2017-3-page-6.htm
[ii]Les avantages d’investir dans les devises cryptées.http://www.euskal-herria.fr/business/Les-avantages-d-investir-dans-les-devises-cryptees.html
[iii]DE BALASY, Canelle. Débuter – L’histoire des crypto actifs
https://www.coinhouse.com/fr/academie/debuter-lhistoire-des-crypto-actifs/
[iv] CHAUM David L. Untraceable electronic mail, return addresses, and digital pseudonyms. Commun. ACM 24, 2 (Feb. 1981), 84–90. https://doi.org/10.1145/358549.358563
[v] GREENBERG, Andy. This Machine Kills Secrets : How WikiLeakers, Cypherpunks, and Hacktivists Aim to Free the World’s Information, Dutton Adult, 2012 (ISBN 0525953205), p. 65-70; Aaron van Wirdum, “The Genesis Files: With Bit Gold, Szabo Was Inches Away From Inventing Bitcoin“, sur Bitcoin Magazine
[vi] DAI, Wei. “a scheme for a group of untraceable digital pseudonyms to pay each other with money and to enforce contracts amongst themselves without outside help” http://www.weidai.com/bmoney.txt
[vii] NAKAMOTO, Satoshi. “Bitcoin: A Peer-to-Peer Electronic Cash System”. 2008 https://bitcoin.org/bitcoin.pdf
[viii] Ces chiffres restent approximatifs du fait de l’absence d’une législation claire sur l’usage des cryptomonnaies dans plusieurs pays.
[ix] https://earthweb.com/cryptocurrency-statistics/
[x] https://www.cadtm.org/Le-Petro-et-le-labyrinthe
[xi] Chainalysis. “The 2023 Geography of Cryptocurrency Report”. 2023. https://go.chainalysis.com/rs/503-FAP-074/images/The%202023%20Geography%20of%20Cryptocurrency%20Report.pdf
[xii] https://www.bkam.ma/Trouvez-l-information-concernant/Monnaie-virtuelle