Aujourd’hui, le changement climatique est une réalité largement admise. Ses effets ressentis et ceux attendus incitent l’ensemble des acteurs politiques et socio-économiques à élaborer des stratégies et des plans d’adaptation afin d’y faire face. Dû à l’augmentation des gaz à effet de serre, le réchauffement climatique est une question globale qui nécessite une réponse mondiale.
Le Maroc subit de plein fouet le changement climatique. Il est situé dans l’une des régions les plus arides de la planète où les impacts concerneraient de plus en plus l’amplification et l’augmentation de la fréquence des phénomènes extrêmes (sécheresses et inondations), la dégradation des écosystèmes, la raréfaction des ressources en eau, le développement de maladies émergentes ou, encore, la migration forcée des populations.
Conscient de la nature des enjeux et des menaces qui pèsent sur le Maroc, l’IRES a entamé, en novembre 2008, un important chantier de réflexion qui aborde la complexité du changement climatique dans ses multiples dimensions : écologique, politique, économique, sociale et humaine. Il explore les trajectoires d’adaptation, à travers une approche holistique, afin d’affronter les problèmes dans leur globalité et d’élaborer des réponses durables et politiquement, économiquement et socialement acceptables. Il s’agit, en définitive, d’apporter des solutions adaptées aux défis que doit relever le pays en matière de sécurité hydraulique, alimentaire, sanitaire, économique et environnementale.
Le programme d’études "Changement climatique : impacts sur le Maroc et options d’adaptation globales" visait initialement à sensibiliser les décideurs aux impacts du changement climatique en vue d’intégrer cette donne dans toutes les politiques publiques. L'approche méthodologique adoptée dans le cadre de ce programme consiste en un diagnostic scientifique fiable avec une analyse des interdépendances entre les phénomènes étudiés.
La réalisation de ce programme d'études s’est déroulée en trois phases :
La première phase (2008-2011) s'est basée sur une approche écosystémique et a eu pour objectifs :
- de faire l'état des connaissances scientifiques.
- d'affiner les projections du changement climatique au Maroc et de cerner les répercussions, notamment, sur les régimes hydrologiques.
- d'approfondir les impacts du changement climatique sur les écosystèmes suivants : le littoral, les forêts et les oasis.
- d'étudier l'impact sur la migration climatique et envisager des options d'adaptation.
- d'entreprendre un benchmarking des meilleures pratiques internationales en termes de politiques d’adaptation au changement climatique et d’atténuation.
Cette phase qui a connu, en octobre 2009, l'organisation d'une rencontre internationale sur "Le changement climatique : enjeux et perspectives d’adaptation pour le Maroc" à laquelle ont contribué des experts de niveau international, s'est achevée par l'élaboration d’un rapport stratégique de synthèse, proposant une feuille de route nationale dont l’ambition est de préparer le Maroc à relever les défis du changement climatique :
- en sécurisant les besoins fondamentaux de la nation et en gérant durablement les ressources naturelles.
- en repensant les modes de conception des politiques publiques, en tenant compte des effets liés au changement climatique.
- en inscrivant le développement du Maroc dans le concept de l'économie verte.
- en saisissant les opportunités de financement et de coopération internationale et en renforçant la visibilité du Royaume sur la scène internationale.
L’approche par les écosystèmes, nécessitant un nombre important d’informations, dépassant ce que pourraient fournir les systèmes d’observation actuels, a été abandonnée, au niveau de la seconde phase du programme d'études (2012-2014), au profit d’une approche plus stratégique, celle de la sécurité hydrique, alimentaire, sanitaire, économique et, plus globalement, de la sécurité humaine. Cette approche sécuritaire s’est avérée plus conforme à la vocation stratégique de l’IRES.
Tout en actualisant les données climatiques, l’IRES a analysé dans la seconde phase les conséquences du changement climatique sur les ressources hydriques et sur la sécurité, dans ses multiples dimensions. Il a insisté sur la nécessité de mettre en cohérence les stratégies sectorielles, d’y intégrer le changement climatique et d’adapter leur horizon temporel, de manière à prendre en compte l’impact, de long terme, de ce phénomène.